Eu et la famille d’Orléans
Des liens unissent la ville d’Eu avec la famille d’Orléans. Ils remontent à 1660. C’est cette année-là que la princesse Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier dite “la Grande Demoiselle” achète le comté pairie d’Eu et entreprend rapidement de grands travaux de confort et d’embellissement au château d’Eu. Cette étonnante princesse, petite-fille d’Henri IV et cousine germaine de Louis XIV, vit en exil dans son château d’Eu après avoir activement participé à la Fronde. Sans descendance de son union cachée avec Monsieur de Lauzun, la “Grande Mademoiselle” fait donation du comté d’Eu au duc du Maine, aîné des enfants illégitimes de Louis XIV et de Madame de Montespan.
En 1775, Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre hérite du domaine d’Eu et le transmet à sa fille unique Marie Adélaïde, duchesse d’Orléans. De 1793 à 1814, la duchesse d’Orléans, veuve de Philippe-Egalité, est dépouillée de son domaine. A son retour en France, lors de la Restauration des Bourbons, elle rentre en possession de ses biens et conserve le château d’Eu jusqu’à sa mort en 1821. Son fils Louis-Philippe en hérite et commence dès 1828 à reconstruire le château d’Eu. L’architecte Fontaine régularise la façade et double la largeur du château. A partir de 1830, Eu devient résidence royale au même titre que Saint-Cloud ou les Tuileries. Le roi “citoyen” séjourne souvent au château d’Eu pour les vacances en famille et y tient même quelquefois le conseil des ministres. Louis-Philippe y reçut deux fois la reine Victoria en 1843 et en 1845 sous le signe de l’Entente cordiale.
Après la chute de la Monarchie de Juillet, le château s’enfonce dans un profond sommeil. Le domaine est confisqué en 1853. Le domaine est rendu en 1872 au comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe et Chef de la Maison d’Orléans. Celui-ci charge Viollet-le-Duc d’aménager le domaine et le château entre 1874 et 1879.
En 1886, le comte de Paris est contraint de quitter Eu pour l’exil en raison d’une nouvelle loi d’exil. A son décès en 1894, son fils Philippe, duc d’Orléans (1869-1926) devient Chef de la famille et hérite du château sans pouvoir y résider puisque exilé. Un important incendie ravage toute la partie sud du château en 1902.